Une année de surf en Australie - Episode 2
Second épisode du récit de Ben de l'équipe Destination Surf qui a passé prés d'un an à arpenter l'Australie pour bodyboarder, surfer et s'éclater...
Suite des aventures de Ben en Australie. De découvertes en découvertes, des kilomètres de plages via les étendues du bush et le désert du Sud, la route est longue de la côte Est vers l'océan Indien à l'Ouest.
1st of May, 2014
Coffs Harbour sera la prochaine étape de notre périple. La capitale de la banane nous accueille avec un swell parfait et solide de 10-12 pieds, et le spot de Sawtell fait de son mieux pour ressembler à sa cousine mexicaine Puerto Escondido, sans grande difficulté d'ailleurs !
Ainsi, les cavernes s’alternent avec les goinfreries au Sea Salt, meilleur Fish and chips d’Australie (selon moi) à ne pas manquer dans Main street à Sawtell.
C’est le ventre rempli et et des images plein les yeux que nous quittons Coffs direction la tant attendue Port Macquarie.
Elue capitale australienne du bodyboard en 2013, ses vagues sont réputées pour produire parmi les meilleurs bodyboarders mondiaux depuis des decennies, comme Michael «Eppo» Eppletsun (créateur de l’ARS et du Backflip), Damian King (triple champion du monde dont une fois en DropKnee), ou les jeunes de Breakwall comme Sam Bennett ou Chase O’leary qui trustent les vidéos depuis quelques années.
La ville en elle même est une ville australienne classique, sans réel charme, un peu beauf à à mon goût (ambiance BBQ-Bide-à-bière).
Le swell étant retombé, nous nous contentons de petit bowls de 1 à 2 pieds à Breakwall et Northwall. On peut imaginer le potentiel, mais malheureusement nous n'auront pas les vagues espérées. Un peu déçus, on en profite pour faire un tour dans le parc national voisin, où nous rencontrerons des iguanes géants, race croisée avec les fameux dragon de Komodo en indonésie voisine qui, peu commodes, essayerons de nous braquer notre déjeuner.
Le chemin nous séparant de Sydney se réduit peu à peu et c’est dans la continuité que nous nous dirigeons vers Newcastle (seconde plus grande ville d’Australie), sur la péninsule de Port Stephen à Nelson Bay.
Véritable havre de paix, ces gros rochers qui sortent de l’eau me font clairement penser au pain de sucre de Rio de Janeiro et devinez quoi, juste là, derrière ce magnifique parc national où cohabitent pélicans, dauphins et espèces en tout genres, se cache un des wedge en gauche les plus parfait qui soit.
Box Beach, c’est déjà une plage paradisiaque ou l’on ne soupçonne même pas la présence d’une vagues tellement la mer est belle et l’eau est claire aux alentours. Mais à mieux y regarder, un premier train de houle vient lécher la paroi de la falaise et reviens vers le large se mêlant avec la vague suivante pour former une superbe rampe.
Ni une ni deux, je me change sur le mini parking de 10 places, traverse en courant le petit chemin bordé de buissons et hop à l’eau !
Nous sommes une dizaine de bodyboarders au peak, mais surtout quelques gamins (grommets) du coin. La vague est d’une facilité déconcertante et tout le monde s’en donne a coeur joie. Le répertoire aérien y passe dans son intégralité, avec mention spéciale pour le jeune prodige hawaiien Tanner McDaniel ( en vacances dans le coin ) pour son énorme Invert.
Le rituel est bien rodé et naturellement on profite des dernières lueurs du jour et d’un magnifique coucher de soleil, pour partager des bières, du poisson grillé fraîchement pêché et à sauter du ponton dans le port. That’s all we need folks !
Sydney, 5th May 2014
Sydney... Douches chaudes.... La première depuis une longue période. Non pas que mes multiples emplacements de douches froides (glaciales) en pleine nature me déplaisaient, mais ça fait du bien de retrouver un peu de confort.
C’est décidé, Tamarama sera mon fief, le temps de quelques soirées à l’Ivy Club, vagabonder dans le centre ville comme un bon touriste. Je trouve un petit boulot (inqualifiable) dans un breakfast australien qui se voulait multiculturel, tenu par des Vietnamiens...L’occasion de découvrir que la crasse a un visage. Jamais vu un endroit aussi sale et répugnant !
Les jours s’enchainent entre les surfs merdiques et le shopping à Bondi... La chaleur de la Gold Coast laisse place au froid, m'obligeant à troquer mon short à paillettes et le monoï au profit de ma combi 3/2 super moumoute, et c’est à ce moment aussi qu’arrive pour moi le temps de la solitude...
Adieu Cyril, connard, tu va te gaver de bonne bouffe made in la France.
Un mois plus tard, Eva, celle dont j’étais séparé de 10 000 km pointe le bout de son nez, et ce n’est pas pour me déplaire...
Démarre alors une toute nouvelle cohabitation.. On m’avait pourtant prévenu que les surfs trip avec les gonzesses étaient à éviter !
Et pourtant, notre duo sauvage aura raison des à-prioris !
15th June 2014
Next stop... Cronulla, banlieue sud de Sydney, Shark Island. The Island comme on l'appelle ici.
Gros swell de Sud et de superbes vagues de belle taille et de gros tubes à Surge (dernier bowl de la vague très creux et à sec qui marche les meilleurs jours). Vague assez intimidante au premier abord mais plutôt incroyable au final. Elle est constituée d'un take off plat qui laisse place un bowl qui s’enroule sur la dalle et crée un tube profond d’une rare perfection.
Jervis Bay. La beauté des paysages et la diversité des espèces animales commencent à nous offrir leur immensité. C’est dans un calme spectaculaire accompagné de couchers de soleils rouges, devant des grillades de viande les pieds dans le sable, que nous nous retrouvons face à cette vague majestueuse et d’une perfection à couper le souffle. Aussie Pipe pointe le bout de son nez...
Pour sublimer tout ce qui pour moi est déjà la définition d’une vie parfaite, on assiste alors au bal des baleines et leur magnificence.
A trois mètres devant nous, se dresse ce que la nature a de plus beau à offrir, et on peut entendre le bruit de leur respiration tout en contemplant leur danse. Par chance, c’est paraît-il la meilleure période pour les observer, et elles sont venues nous offrir ce spectacle, rien que pour nous.
Le temps passe vite, et on ne peux qu’imaginer tout ce qu’il nous reste à voir d’aussi splendide que cet endroit. Nous voila repartis sur la route (un peu boosté par le réveil plus que matinal d'un aborigène agressif, qui nous a bien fait comprendre que l’on était pas les bienvenues sur ses terres).
Direction la South Coast et Ulladula avec au programme Nuggan, Treanos, Supers, Guillotine, Mills, Blacks and Co...
Sur la route, on retrouve Benny et son Troopy. Ce mec mérite d'être mentionné dans mon article. Rencontré au Cap Ferret en 2013, ce peintre dégénéré Australien amateur de sensations fortes, fan inconditionnel de la VB (bière locale), nous a guidé sur les meilleurs spots de la South Coast à grands coups de feux de camps au fin fond du bush. Noodles Chinoises crues en guise d’apéritif, et une douche par semaine, il a su nous mettre très rapidement dans le bain australien !
Premier surf à Treanos, droite courte et intense, offrant une première section à barrels, puis un air bowl, la vague parfaite pour le bodyboard. On enchaine à Nuggan, celle qu’on voit dans les vidéos et qui en fait baver plus d’un. Configuration unique dans le monde cette grande pointe rocheuse qui s’avance loin dans la mer, au bout de laquelle viennent se croiser les trains de houle, produit un wedge parfait permettant toutes les acrobaties possibles et imaginables dont le bodyboard dispose.
Elle est uniquement accessible après une longue marche le long d’une plage, et il est quand même préférable de checker aux jumelles avant d’entamer ce périple. En effet, la seule chose que Nuggan a bien voulu m’offrir ce jour la, c’est un tête à tête aussi mignon qu’inquiétant avec un phoque.
L’aventure suis son cours à Bawley Point. Cette bande de terre longue d’une dizaine de kilomètres regorge d’une quantité et d’une qualité de vagues extraordinaires, le tout bercé par une nature prolifique et des paysages verdoyants d’une beauté rare ! C’est au détour d’un chemin bordé d’eucalyptus que nous posons nos valises pour quelques jour dans l’attente du prochain swell.
Saturday, 28th June (My Bday !)
6h du matin, le ciel semble s’être mis d’accord avec dame nature pour m’offrir un des plus beaux sunrise encore jamais observé. Je souffle donc mes 25 bougies face à cet immense tableau qui se dresse sous mes yeux, une oeuvre fondue sous des nuances de rouge, orange et violet.
C’est dans ce cadre magnifique que je déguste mon petit déjeuner made in France, concocté par ma dulcinée pour l’occasion. Petit déjeuner qui me fait confirmer que la «gastronomie» Australienne a définitivement tout à envier à celle de la France...
A peine le temps de terminer que le téléphone sonne. C’est Benny, et apparemment, un reef plus au Sud Est en feu ! Trente minutes plus tard, on se retrouve sur le parking de Mills. Longiligne, une droite au creux irréprochable qui semble me draguer vient s’enrouler sur les rochers du bord, me laissant apercevoir l’étendue de sa perfection. S’offre alors à moi une session intense, que je classe parmi mes plus grands coups de coeur.
Session terminée, il est temps de dire au revoir à Benny et la South Coast, pour rejoindre le Victoria et la ville de Melbourne.
10 heures de route plus tard, et 5 degrés de moins au thermomètre, la métropole du sud, véritable melting pot de culture et d’architectures, nous accueille chaleureusement. On y reste peu de temps, juste assez pour recharger les batteries et déambuler dans une multitude de boutiques plus farfelues les unes que les autres. Ici, tout semble être permis et rien ne choque, laissant alors à tout un chacun exprimer plus ou moins bien ses talents cachés (très cachés pour certains).
Petite soirée typique au Naked for Satan, ou on se laisse séduire par la vue sur toute la ville que nous offre le roof top. Pinxos à 1 dollars, bon vin rouge et camembert pané, on en oublie presque les conserves de spaghettis et les paquets de pain de mie rassis, notre quotidien sur la route en temps de crise ! Mention spéciale pour la rue des pâtisseries de St Kilda, et l’incroyable Kouglof au chocolat du Monarch Cakes (103 Acland St.). Passage plus qu’obligatoire pour les amateurs.
Après deux jours de shopping et de confort, nous revoilà partis à la quête des vagues, sur la Great Ocean Road. La route est longue et tortueuse, mais les paysages sont à couper le souffle. Les 12 Apostles, ces immenses rochers dominant tout l’océan sont certes très touristiques, mais valent quand même le coup d’oeil.
Adelaide est la dernière grande ville par laquelle on passe avant d’affronter les 3000 km qui nous séparent du Western Australia.
L’aventure prend alors une tout autre dimension à ce niveau du voyage. La ligne droite s’enfonce peu à peu dans le néant, et la végétation verdoyante laisse place au fil des kilomètres à une nature beaucoup plus aride et hostile, ou la solitude et le calme mettent à rude épreuve notre vie sociale. Très vite, on se retrouve confronté à la steppe du bush, avec une station essence tous les 250km, affichant un prix du carburant qui passe du simple au double, ce qui ne nous permet pas de spéculer. Mieux vaux ne pas se louper sur la route de tous les challenges !
Les jours passent, et le mental se forge, on se fait peu à peu à cette immensité qui fait partie maintenant de notre quotidien, et on arrive même à s’y sentir bien. Feux de camps, nuits à la belle étoile, calme absolu. On entend nos voix résonner à des kilomètres.
En ce qui concerne la quête des vagues, celle ci a pris tout son sens dans le désert, et il est clair qu’ici, surfer se mérite. En effet, bien connaitre les spots est absolument indispensable, car il y a de quoi devenir fou, tant l’endroit et vaste et le point recherché est précis. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin.
Malgré des heures passées sur des cartes, des dizaines de combinaisons GPS entrées, et des recherches minutieuses sur des sites en tout genre, je n’ai pas réussi à trouver toutes les vagues escomptées, mais cela fait aussi parti du jeu et fait monter l'excitation et la quête de la dose d’adrénaline à son maximum.
Malgré cette déception, mon moral remonte enfin au beau fixe lorsque, après des jours à chercher, je tombe enfin sur Monument. Et le jeu en valait la chandelle.
Au milieu de nulle part, et au milieu de l’océan et des immenses falaises, la vague parfaite m’attend, et se dresse devant moi comme un appel à sauter dans les profondeurs regorgeant de requins blancs.
Cet argument n’arrive pas à stopper mon ardeur, et après une réflexion certaine, je me retrouve, intimidé, confronté à cette merveille qui m’offre une session incroyable et spirituelle.
Ce souvenir, je le garde à tout jamais, et la difficulté de trouver et dompter ces vagues est telle, que c’est ce qui me donne envie de revenir au plus vite me confronter au désert australien, plus armé et averti.
La route reprend, et semble interminable.
700 km par jour et presque autant de kangourous morts, il nous tarde d’arriver à l’Ouest. Petit à petit, la nature sauvage se civilise, et les paysages se transforment, nous indiquant notre arrivée imminente et grandiose à Margaret River.
Cette ville au climat semblable à celui de notre belle ville de Bordeaux nous fait du bien. Il y règne une sensation paisible, avec une population de bons vivants, dans une ambiance country. Qu’il s’agisse de vignobles de haute qualité ou de vagues de classes mondiales, la fusion est parfaite entre le monde du vin et celui de la culture du surf, ce qui a de quoi nous séduire.
A ce stade du voyage, l’argent n’est plus au rendez-vous et la situation commence à se compliquer. Mais Margaret est une ville accueillante avec ses nombreux produits artisanaux, glaces, chocolats, fromages, huiles d’olive. On ne loupe pas l’occasion de faire toutes les visites gratuites et dégustations. S’enchainent alors une semaine à s’empiffrer sans aucun frais, de quoi classer définitivement Margaret River comme la ville gastronomie coup de coeur !
Le vent offshore et le beau temps quand à eux, ne semblent pas vouloir de nous ici, et les tant attendues spots de Gas Bay, The Box, North Point et Rabbits tirent définitivement la gueule.
C’est enfin pour nous le moment de dire au revoir à la grande Australie, ce pays continent que j’ai pris un immense plaisir à découvrir d’Est en Ouest, sans jamais être déçu par la beauté de ses paysages et la qualité des vagues qu’elle a bien voulu me montrer. Elle m’a bercée pendant 8 mois dans un monde sain et spirituel, ou j’ai pu apprendre à évoluer, armer mon mental à la quête de vagues qui ne sont pas toujours au rendez-vous, affronter l'océan et parfois ses dangers, avec le recul nécessaire, et surtout ouvrir mon esprit à de nouveaux horizons !
Perth, 4th August 2014
Puisque le soleil ne veut plus de nous en Australie, il nous attend certainement sur l’île des Dieux...
Next Step Bali !
Pour compléter le récit, la Vidéo du trip australien
Ben
BEN aka "The Machine". Un physique de boy's band, de calendrier des rugbymen. Il a fini ses études de tourisme, à baroudé dans l'hémisphère sud pendant plus d'un an en Australie à traquer le beach break et le Slab craquant. Plutôt Mister Hyde calme et taiseux, efficace et raisonné dans le boulot, mais c'est le Dr Jekill de la wave, du dancefloor et de son armada de jolies fans sur Tinder.
Ses spots : Australie, Nouvelle Zélande, Galice et partout où ça cogne sur le reef.
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